Droit et littérature

Droit et littérature

«ENTRE LE DROIT ET LA LITTÉRATURE, LES LIENS SONT NOMBREUX, PROFONDS, PERSONNELS.»

(François OST, « Droit et littérature: variété d’un champ, fécondité d’une approche », (2015) 49 RJT 3.)

Présentation du cycle de conférences

Selon François Ost, il y a des relations dangereuses entre le droit et la littérature. Leurs imaginaires respectifs sont adversaires et divergents : le droit codifie la réalité sociale, soutient des choix hiérarchiques, crée des fictions normatives (sur les personnes), et généralise ce qui est essentiellement particulier ; la littérature ouvre les perspectives sociales, explore des voies plurielles, crée des fictions émancipatrices (sur les personnages), et singularise ce qui est apparemment commun. En même temps, les imaginaires juridique et littéraire sont complémentaires et convergents : ils défendent des positions instituées, exercent des fonctions instituantes, défendent des minorités opprimées et des courants politiques marginaux, et traitent des normes et des formes qui constituent le domaine éthique. Par conséquent, le droit et la littérature maintiennent une relation dialectique d’interaction et de confrontation qui mobilise l’imaginaire collectif et répartit des rôles et des destins.

Ensemble, le droit et la littérature pourraient donner une voix aux opprimés et aux sans-voix, faire sortir les sujets de l’anonymat et des clichés, et construire de nouvelles approches sociales et narratives. La fiction (scientifique, spéculative, identitaire) peut apporter beaucoup au droit et perturber les forces de l’hétéropatriarcat et de la prédominance blanche qui constituent encore les structures juridiques dominantes. De même, le mouvement (intellectuel, réflexif, subversif) droit et littérature peut contribuer à développer une critique sociale susceptible d’induire de nouvelles politiques publiques de diversité, de représentation et d’inclusion. Si la littérature peut aider le droit en tant que miroir pour rappeler que le roi est encore nu, le droit peut également aider la littérature en tant que carnet de notes permettant de rédiger de nouveaux récits pour un avenir (un peu) meilleur.

Il semble donc que les temps présents — une pandémie qui dessine un avenir incertain qui ne ressemblera probablement pas au passé récent — pourraient faire bon usage des connaissances et des imaginaires des littérateurs et des juristes pour construire de nouvelles perspectives. Avec un accent particulier sur les représentations littéraires et identitaires et leurs transcriptions juridiques, ce cycle de conférences se propose de présenter des approches et des stratégies multidisciplinaires qui peuvent aider le droit à rester pertinent et à la hauteur des tâches importantes de la période historique qui se dessine devant nous, ce clair-obscur, caractéristique des périodes de transition et source de périls.

Conférences

LAWYERS, COURTS, AND THE JUSTICE OF THE FUTURE

Christopher Brown | Avocat et auteur de Rule of Capture and Failed State | 11 Novembre 2021

RE-IMAGINING SPACE LAW: LITERARY ANALYSIS OF UTOPIAN LITERATURES, SCIENCE FICTION, AND AFRICAN FEMINIST FUTURISMS AS INCLUSIVE SOURCES OF LAWMAKING

Saskia Vermeylen | The University of Strathclyd (Glasgow) | 18 Novembre 2021

AFROFUTURISM, CRITICAL RACE THEORY, AND THE FUTURE POLICING

Bennett Capers| Fordham University | 3 Février 2022

SISYPHUS AND THE PRESENT : TIME IN MODERN AND DIGITAL LEGALITIES

Kieran Tranter | School of Law, Queensland University of Technology | 9 Mars 2022

PASSÉ, PRÉSENT ET LGBTQ+ (NON-) FICTION

Gabriel Cholette| Doctorant, chargé de cours et auteur de Les carnets de l’underground | 5 Avril 2022

Ce contenu a été mis à jour le 11 août 2022 à 17 h 38 min.